Página inicial > Oriente > Tao > Tao Te Ching XI – É do não sensível que vem a eficácia
Tradições do Extremo Oriente
Tao Te Ching XI – É do não sensível que vem a eficácia
Taoismo e outras
segunda-feira 5 de setembro de 2022, por
Nossa tradução a partir de Matgioi mas eventualmente combinando outras versões.
Trinta raios unidos formam uma montagem de roda; sozinhos, são inutilizáveis: é o vazio QUE OS UNE, que faz deles uma roda de que se pode servir. Um vaso que se toca e que se pega é inutilizável: é o ar que o preenche que dele faz um bem o qual se pode usar. Construir, modificar, consertar os materiais de uma casa , eis o que é inutilizável; é o vazio entre os materiais que faz uma casa de que se pode servir: eis porque a matéria e sua posse são ruins; só o que não é matéria ou posse é utilizável.
Mitchell
We join spokes together in a wheel,but it is the center holethat makes the wagon move.We shape clay into a pot,but it is the emptiness insidethat holds whatever we want.We hammer wood for a house,but it is the inner spacethat makes it livable.We work with being,but non-being is what we use. [MitchellTTC ]
Waley
We put thirty spokes together and call it a wheel;But it is on the space where there is nothingThat the usefulness of the wheel depends.We turn clay to make a vessel;But it is on the space where there is nothingThat the usefulness of the vessel depends.We pierce doors and windows to make a house;And it is on these spaces where there is nothingThat the usefulness of the house depends.Therefore just as we take advantage of what is,We should recognize the usefulness of what is not. [WaleyTTC ]
Legge
The thirty spokes unite in the one nave; but it is on the emptyspace (for the axle), that the use of the wheel depends. Clay isfashioned into vessels; but it is on their empty hollowness, thattheir use depends. The door and windows are cut out (from the walls)to form an apartment; but it is on the empty space (within), that itsuse depends. Therefore, what has a (positive) existence serves forprofitable adaptation, and what has not that for (actual) usefulness. [LeggeTTC ]
Henricks
Thirty spokes unite in one hub;It is precisely where there is nothing, that we find the usefulness of the wheel.We fire clay and make vessels;It is precisely where there’s no substance, that we find the usefulness of clay pots.We chisel out doors and windows;It is precisely in these empty spaces, that we find the usefulness of the room.Therefore, we regard having something as beneficial;But having nothing as useful. [HenricksTTC]
Wieger
A. Une roue est faite de trente rais sensibles, mais c’est grâce au vide central non sensible du moyeu, qu’elle tourne.B. Les vaisselles sont faites en argile sensible, mais c’est leur creux non sensible qui sert.C. Les trous non sensibles que sont la porte et les fenêtres, sont l’essentiel d’une maison.Comme on le voit par ces exemplesD. C’est du non sensible que vient l’efficace, le résultat. [WiegerTTC ]
Ceci se rattache aux paragraphes A et B du chapitre précédent. L’homme ne vit pas par son corps sensible, mais par ses deux âmes non sensibles, la spermatique et l’aérienne. Aussi le Tao ïste a t il surtout soin de ces deux entités invisibles. Tandis que le vulgaire n’y croit pas, ou n’en fait pas cas, parce qu’elles sont invisibles. Ce qui le préoccupe, lui, c’est le matériel, le sensible. Or, dans beaucoup d’êtres sensibles, dit le texte, l’utile, l’efficace, c’est ce qu’ils ont de non-sensible, leur creux, leur vide, un trou. Les commentateurs généralisent et disent : toute efficace sort du vide ; un être n’est efficace, qu’en tant qu’il est vide. — Il paraît que les roues antiques eurent trente rais, parce que le mois a trente jours.
Duyvendak
On a beau réunir trente rais dans un moyeu, l’utilité de la voiture dépend de ce qui n’y est pas.On a beau mouler l’argile pour faire de la vaisselle, l’utilité de la vaisselle dépend de ce qui n’y est pas.On a beau percer des portes et des fenêtres pour faire une maison, l’utilité de la maison dépend de ce qui n’y est pas.Ainsi, tirant avantage de ce qui est, on se sert de ce qui n’y est pas. [DuyvendakTTC ]
Si indispensables que soient les rais pour une roue, en fin de compte, c’est du moyeu creux que tout dépend. Si indispensable que soit l’argile pour faire la vaisselle, c’est l’espace vide à l’intérieur qui en fait la valeur. Si indispensables que soient les matériaux pour faire les fenêtres et les portes d’une maison, c’est après tout l’ouverture qu’on a faite qui est la chose la plus importante. Ce qui « n’est pas » est donc ici plus important que « ce qui est ». Ce passage suggère donc qu’on a tort d’attacher de la valeur seulement à « ce qui est ».
Une roue à trente rais paraît assez étrange. Pourtant on la trouve dans le Tcheou li (Biot, II, p. 488) dans un contexte intéressant qui décrit la voiture rituelle :
« La forme carrée du cadre qui porte la caisse représente la terre. La forme circulaire du dais représente le ciel. Les roues, avec leur trente rais, représentent le soleil et la lune . Les vingt huit arcs du dais représentent les étoiles.
Le commentaire explique que le soleil et la lune sont en conjonction tous les trente jours. Dans le Ta Tai li (Wilhelm, p. 226), le texte est répété avec cette différence seulement que les trente rais sont une représentation de la lune seule.
On peut voir dans la traduction de Biot un dessin d’une telle voiture.
Le Houai-nan tseu, XVII, p. 13a, parle aussi d’une roue à trente rais.
Matgioi
Trente rais réunis forment un assemblage de roue ; seuls, ils sont inutilisables ; s’il y a, dessus, un char, on peut s’en servir. Prendre directement une propriété, cela ne convient pas ; mais si l’on a une propriété, on peut s’en servir. Construire une maison, apprêter ou réparer une maison, cela ne convient pas ; mais, s ’il y a une maison, on peut s ’en servir. C ‘est pourquoi la possession est une chose mauvaise ; l’utilisation est une chose convenable. [MatgioiVR ]
Ce chapitre a un sens exotérique et un sens ésotérique ; la traduction ci dessus est le sens exotérique ; il prêche simplement le désintéressement et le mépris des richesses, au point de vue moral : le Sage doit utiliser et non posséder ; il doit, dans le monde contingent, user de ce qui existe, et non pas constituer ce qui n’existe pas ; car l’usage ne conclut pas à la propriété, quelque long que soit l’usage ; et ainsi le Sage n’est jamais attaché à ce dont il se sert, tandis qu’il pourrait être tenté de s’y attacher, si ce dont il se sert lui appartenait.
On tire de là un enseignement politique tout à fait logique, et qui est la condamnation de la propriété particulière, quand elle dépasse la satisfaction des besoins normaux de l’homme. Nul ne devant posséder, et chacun pouvant utiliser, la propriété devient collective, et chaque citoyen privé volontairement du droit de possession acquiert un droit égal et général d’usage. Dans la pratique, ce n’est pas le socialisme d’Etat, lequel ne peut germer que dans des sociétés préalablement formées au monarchisme héréditaire et autocratique ; mais c’est, et la Chine le pratique depuis plus de quatre mille années — le communisme, ou propriété collective de la souche, génératrice ethnographique de l’entité sociale, que l’on nomme la commune (ou le village), tout les membres de la souche (ou habitants du village) étant égaux imprescriptiblement dans l’emploi et la jouissance du bien communal.
Il y a à ce chapitre un sens ésotérique et métaphysique très profond, dont voici la traduction. Cette traduction est tout aussi exacte que la première : il suffit de porter les caractères au plan métaphysique :
Trente rais réunis forment un assemblage de roue ; seuls, ils sont inutilisables : c’est le vide QUI LES UNIT, qui fait d’eux une roue dont on peut se servir. Une propriété que l’on touche et que l’on prend est inutilisable : c’est l’air qui l’entoure qui en fait un bien dont on peut se servir. Construire, remuer, réparer les matériaux [26] d’une maison, voilà qui est inutilisable ; c’est le vide entre les matériaux, qui fait une maison dont on peut se servir : c’est pourquoi la mati ère et sa possession sont mauvaises ; ce qui n’est pas matière ou possession est seul utilisable.
Ainsi, le principe primordial est de nouveau exposé : le matériel est contingent ; seul, l’immatériel existe ; l’Être est manifesté seul, le Non-Être est. Mais, par un très hardi corollaire, le matériel n’est utilisable que par l’immatériel. La contingence que nous percevons ne nous est perceptible que par l’absolu, que nous ne percevons pas. L’Être que nous comprenons ne nous est intelligible que par le Non-Être, que nous ne comprenons pas. La comparaison taoïste, transportée dans le domaine divin, donnerait la plus irréfutable des preuves théologiques de l’« Existence de Dieu ». Le sens ésotérique de la page XI du Tao ne saurait être trop profondément creusé. — Sachons seulement que rien de ce que nous voyons, pensons ou concevons n’est indemne d’une coopération expresse et continue de CE que nous ne pouvons ni voir, ni percevoir, ni concevoir, et que, par suite, tous nos actes, et les plus matériels, toutes nos pensées, et les plus ténues, sont une involontaire et invincible reconnaissance du Grand Mystère.
Ver online : TAO