Página inicial > Antiguidade > Platão (V-IV aC) > Platão (Alcibíades I:130a-132b) – o homem é sua alma
Diálogos de Platão
Platão (Alcibíades I:130a-132b) – o homem é sua alma
Alcibíades
sexta-feira 11 de fevereiro de 2022, por
Robin
Socrate : Voici en vérité un point encore sur lequel, je pense, on ne différerait d’opinion?
Alcibiade: Et lequel?
— Que, de trois choses données, il y en a, j’en ai peur, une au moins qui est l’homme!
— Quelles trois choses?
— Âme, corps, et le composé des deux, c’est-à-dire ce tout qu’est un homme.
— Sans conteste!
— Mais n’est-ce pas en vérité le point dont nous sommes tombés d’accord, que ce qui a l’autorité sur le corps, c’est l’homme?
— [b] Nous en sommes tombés d’accord.
— Mais est-ce le corps qui, sur lui-même, a l’autorité?
— Nullement!
— C’est sur lui, avons-nous dit en effet, que s’exerce l’autorité?
— Oui.
— Il ne serait donc pas ce que nous cherchons.
— Cela n’en a pas l’air!
— Mais est-ce donc au composé des deux qu’appartient l’autorité sur le corps? et, dès lors, est-ce cela qui est l’homme?
— Très probablement.
— Rien de moins probable, en vérité! Car, si l’un des deux composants ne participe pas à l’autorité, il n’y a aucun moyen que l’autorité appartienne au composé des deux.
— C’est juste.
— [c] Or, du moment que ce n’est ni le corps, ni le composé des deux qui est l’homme, il reste, je crois, ou bien que l’homme ce ne soit rien, ou bien, si c’est quelque chose, que l’homme ne soit rien d’autre qu’une âme.
— Oui, ma parole!
— Mais dois -je t’expliquer, avec un peu plus de clarté encore, que c’est l’âme qui est l’homme?
— Non, par Zeus ! Mon avis est au contraire que cela suffit comme cela!
— Mettons même que l’explication manque de rigueur: pourvu qu’elle soit seulement ce qu’il faut, nous nous en contentons! Comment en effet cela peut être expliqué avec rigueur, nous le saurons, quand nous aurons trouvé ce que tout à l’heure nous avons laissé de côté, [d] parce que c’était l’objet d’une trop copieuse considération.
— Qu’est-ce que c’est?
— C’est ce qui a été énoncé tout à l’heure, à peu près en ces termes, que ce qu’il fallait commencer par examiner de cette même chose, c’était elle, en elle-même. Mais à présent, au lieu de cette même chose, envisagée en soi, voilà que nous avons procédé à un examen de ce qu’est séparément l’essence de chacun de nous! Peut-être nous en contenterons-nous, car il n’y a rien sans doute, en nous-même, à quoi nous attribuerions une souveraineté supérieure à celle de l’âme?
— Non, bien sûr!
— Dans ces conditions, n’est-il pas bon que, toi et moi, nous ayons l’un et l’autre un commerce qui, fait de nos propos, le sera de l’âme à l’égard de l’âme?
— Hé oui! absolument.
— [e] Ah! je le vois, c’était cela que, peu de temps auparavant, nous avons dit: que Socrate, en se servant de la parole, parle avec Alcibiade; ne tenant pas ses propos à ton masque, mais bien à Alcibiade en personne. Or, ta personne, c’est ton âme!
— Ma foi, oui!
— C’est donc notre âme que nous invite à connaître celui qui prescrit de se connaître soi-même.
— [131a] Il le semble bien.
— Ainsi donc, connaître telle ou telle des parties de son corps, c’est connaître les affaires qui nous appartiennent à nous-même, mais ce n’est pas se connaître soi-même.
— C’est exact.
— Donc, aucun médecin, pour autant qu’il est médecin, ne se connaît soi-même; pas davantage aucun maître de gymnase , pour autant qu’il est maître de gymnase.
— Il ne le semble pas.
— Ainsi donc, il s’en faut de beaucoup que les cultivateurs et tous les gens de métier se connaissent eux-mêmes: ces gens-là ne connaissent même pas, semble-t-il bien, les affaires qui sont leurs affaires; à plus forte raison sont-ils encore plus loin, au titre justement des arts qu’ils exercent, de se connaître eux-mêmes, [b] car ce qu’ils connaissent, ce sont les affaires du corps, celles qui concourent à l’entretien de celui-ci.
— C’est la vérité.
— Si donc le fait de se connaître soi-même réside en une sage modération, aucun de ces gens-là n’est sage de cette façon, au titre de son art.
— Non, je ne le pense pas.
— Aussi leurs arts sont-ils précisément tenus aussi pour être des arts d’ouvrier, et non des objets d’étude pour un homme de valeur.
— Hé! oui, absolument.
— Ainsi, une fois de plus, nous redisons, n’est-ce pas, que l’entretien du corps concerne les choses qui nous appartiennent à nous-même, mais ne constitue pas un entretien de soi-même?
— C’est bien possible!
— [c] Quant à l’entretien de notre fortune, il ne l’est ni de nous-même, ni des choses qui sont nôtres, mais, n’est-ce pas, de ce qui est au plus loin d’être nôtre?
— C’est bien mon avis.
— Donc, lui encore, l’homme d’argent ne fait pas les affaires qui sont les siennes.
— C’est juste.
— En conséquence, s’il y a eu un amoureux du corps d’Alcibiade, ce n’est pas d’Alcibiade qu’il a été amoureux, mais d’une des choses qui appartiennent à Alcibiade.
— C’est la vérité.
— Mais qui est amoureux de ton âme, celui-là t’aime.
— C’est évidemment forcé, aux termes de notre thèse.
— Mais celui qui aime ton corps, quand est passée sa fleur, ne s’en va-t-il pas loin de toi?
— Évidemment!
— [d] Mais celui-là qui est amant de l’âme, celui-là ne s’éloignera pas aussi longtemps qu’elle sera en voie de s’améliorer?
— C’est au moins probable!
— Or je suis, moi, celui qui ne s’éloigne pas, celui qui demeure une fois que le corps a perdu sa fleur, quand tous les autres s’en sont allés!
— C’est bien de ta part, Socrate! Puisses-tu ne pas t’éloigner de moi!
— Alors, de tout ton cœur efforce-toi d’être moralement le plus beau possible!
— Mais oui! je m’y efforcerai de tout mon cœur!
— [e] En te disant, oui, que ta condition est celle-ci: il n’y a eu et il n’y a, semble-t-il bien, pas d’amoureux pour Alcibiade, le fils de Clinias, à l’exception d’un seul homme, amoureux souhaitable celui-là: Socrate, le fils de Sophronisque et de Phénarète!
— C’est vrai!
— Mais ne disais-tu pas que je t’avais de peu devancé en venant te trouver, quand ton intention aurait été de venir vers moi le premier pour savoir quel motif me détourne, moi seul, de m’éloigner de toi?
— Il en était effectivement ainsi!
— Eh bien, alors! le motif, c’est que j’étais seul à être amoureux de toi, tandis que les autres étaient amoureux des choses qui sont à toi! Or, ce qui est à toi passe fleur, tandis que toi, tu commences de fleurir! [132a] Non, si maintenant le Peuple d’Athènes ne te gâte pas et que moralement il ne t’enlaidisse pas, non, je ne t’abandonnerai pas! Car ce qui justement me fait le plus peur, c’est que pour nous tu ne sois gâté, parce que tu seras devenu un amant du Peuple: sort qui déjà en effet a été celui de nombre d’hommes de valeur parmi les Athéniens! Le peuple du fier Érechtée5; il a, vois-tu, un beau masque; mais c’est quand il s’en est défait, qu’il faut le regarder! La précaution que je vais te dire, cette précaution, prends-la donc!
— Laquelle?
— [b] Commence, bienheureux jeune homme, par t’exercer et apprends ce qu’il faut avoir appris avant d’aborder la politique. Ne le fais pas avant, afin de l’aborder bien pourvu d’antidotes et de n’avoir rien de fâcheux à en souffrir!
Cousin
SOCRATE.
Et il n’y a personne, je crois, qui ne soit forcé de reconnaître.
ALCIBIADE.
Quoi ?
SOCRATE.
Que l’homme est Une de ces trois choses...
ALCIBIADE.
Lesquelles ?
SOCRATE.
Ou l’âme, ou le corps, ou le composé de l’un et de l’autre.
ALCIBIADE.
Eh bien ?
SOCRATE.
Or, nous sommes convenus, au moins, que l’homme est ce qui commande au corps?
[130b] ALCIBIADE.
Nous en sommes convenus.
SOCRATE.
Le corps se commande-t-il donc à lui-même ?
ALCIBIADE.
Nullement.
SOCRATE.
Car nous avons dit que le corps ne commande pas, mais qu’on lui commande.
ALCIBIADE.
Sans doute.
SOCRATE.
Ce n’est donc pas là ce que nous cherchons?
ALCIBIADE.
Il n’y a pas [d]’apparence.
SOCRATE.
Mais est-ce donc le composé qui commande au corps ? Et ce composé, est-ce l’homme ?
ALCIBIADE.
Peut-être.
SOCRATE.
Rien moins que cela ; car l’un ne commandant point comme l’autre, il est impossible que les deux ensemble commandent.
ALCIBIADE.
Cela est incontestable.
[130c] SOCRATE.
Puisque ni le corps, ni le composé de l’âme et du corps ne sont l’homme, il ne reste plus, je pense, que cette alternative, ou que l’homme ne soit rien absolument, ou que l’âme seule soit l’homme.
ALCIBIADE.
Il est vrai.
SOCRATE.
Faut-il te démontrer encore plus clairement que l’âme seule est l’homme ?
ALCIBIADE.
Non, je te jure ; cela est assez prouvé.
SOCRATE.
Si nous n’avons pas très approfondi cette vérité, elle est assez prouvée, et cela suffit. Nous l’approfondirons davantage quand nous arriverons à ce que nous mettons de côté [130d] maintenant, comme d’une recherche trop difficile.
ALCIBIADE.
Qu’est-ce donc ?
SOCRATE.
C’est ce que nous avons dit tout-à-l ‘heure, qu’il fallait premièrement chercher à connaître l’essence absolue des choses ; mais au lieu de l’essence absolue, nous nous sommes arrêtés à examiner l’essence d’une chose particulière, et peut-être cela suffira-t-il ; car, après tout, nous ne saurions en nous-mêmes remonter plus haut que notre âme.
ALCIBIADE.
Non, certainement.
SOCRATE.
Ainsi donc, c’est un principe qu’il faut admettre, que, lorsque nous nous entretenons ensemble, toi et moi, c’est mon âme qui s’entretient avec la tienne?
[130e] ALCIBIADE.
Tout-à-fait.
SOCRATE.
Et [c]’est ce que nous disions il n’y a qu’un moment, que Socrate parle à Alcibiade, en adressant la parole, non à sa figure, comme il semble, mais à Alcibiade lui-même, [c]’est-à-dire à son âme.
ALCIBIADE.
Cela est fort vraisemblable.
SOCRATE.
Celui qui nous ordonne de nous connaître nous-mêmes, nous ordonne donc de connaître notre âme.
[131a] ALCIBIADE.
Je le crois.
SOCRATE.
Celui qui connaît son corps connaît donc ce qui est à lui, et non ce qui est lui ?
ALCIBIADE.
Oui.
SOCRATE.
Ainsi, un médecin ne se connaît pas lui-même, en tant que médecin, ni un maître de palestre, entant que maître de palestre ?
ALCIBIADE.
Non.
SOCRATE.
A plus forte raison, les laboureurs et tous les autres artisans sont-ils plus éloignés de se connaître eux-mêmes ; en effet, ils ne connaissent pas même ce qui est à eux, et leur art les attache à des choses qui leur sont encore plus étrangères [131b] que ce qui est immédiatement à eux ; car du corps ils ne connaissent que ce qui peut lui être utile.
ALCIBIADE.
Tout cela est très vrai.
SOCRATE.
Si donc [c]’est une sagesse de se connaître soi-même, il n’y a aucun [d]’eux qui soit sage par son art.
ALCIBIADE.
Je suis de ton avis.
SOCRATE.
Et voilà pourquoi tous ces arts paraissent ignobles et indignes de l’étude [d]’un honnête homme.
ALCIBIADE.
Cela est certain.
SOCRATE.
Ainsi, pour revenir à notre principe, tout homme qui a soin de son corps, a soin de ce qui est à lui, et non pas de lui ?
ALCIBIADE.
J’en tombe [d]’accord.
SOCRATE.
Tout homme qui aime les richesses, ne s’aime ni lui, ni [131c] ce qui est à lui, mais une chose encore plus étrangère que ce qui est à lui ?
ALCIBIADE.
Il me le semble.
SOCRATE.
Celui qui ne s’occupe que des richesses ne fait donc pas ses propres affaires ?
ALCIBIADE.
Non.
SOCRATE.
Si donc quelqu’un est amoureux du corps [d]’Alcibiade, ce n’est pas Alcibiade qu’il aime, mais une des choses qui appartiennent à Alcibiade.
ALCIBIADE.
Je le crois.
SOCRATE.
Celui qui aime Alcibiade, [c]’est celui qui aime son âme.
ALCIBIADE.
Il le faut bien.
SOCRATE.
Voilà pourquoi celui qui n’aime que ton corps, se retire dès que ta beauté commence à passer.
ALCIBIADE.
Il est vrai.
[131b] SOCRATE.
Mais celui qui aime ton âme ne se retire jamais, tant que tu désires et recherches la perfection.
ALCIBIADE.
Il semble, au moins.
SOCRATE.
Et [c]’est ce qui fait que je suis le seul qui ne te quitte point, et te demeure fidèle après que la fleur de ta beauté est ternie, et que tous tes amants se sont retirés.
ALCIBIADE.
Et tu fais bien, Socrate ; ne me quitte point, je te prie.
SOCRATE.
Travaille donc de toutes tes forces à devenir tous les jours plus beau.
ALCIBIADE.
J’y travaillerai.
[131e] SOCRATE.
Voilà bien où tu en es : Alcibiade, fils de Clinias, n’a jamais eu, à ce qu’il parait, et n’a encore qu’un seul amant ; et cet amant, digne de le plaire, [c]’est Socrate, fils de Sophronisque et de Phénarète.
ALCIBIADE.
Rien de plus vrai.
SOCRATE.
Mais ne m’as-tu pas dit, lorsque je t’ai abordé, que je ne t’avais prévenu que d’un moment, et que tu avais dessein de me parler, et de me demander pourquoi j’étais le seul qui ne me fusse pas retiré ?
ALCIBIADE.
En effet, c’était mon dessein.
SOCRATE.
Tu en sais présentement la raison ; c’est que je t’ai toujours aimé toi-même, et que les autres n’ont aimé que ce qui est à toi. La beauté de ce qui est à toi commence à passer, au lieu que la tienne commence à fleurir ; [132a] et, si tu ne te laisses pas gâter et enlaidir par le peuple athénien, je ne te quitterai de ma vie. Mais je crains fort qu’amoureux de la faveur populaire comme tu l’es, tu ne te perdes, ainsi que cela est arrivé à un grand nombre de nos meilleurs citoyens, car le peuple du magnanime Erecthée[441] a un beau masque ; mais il faut le voir à découvert. Crois-moi donc, Alcibiade, prends les précautions que je te dis.
ALCIBIADE.
Quelles précautions?
[132b] SOCRATE.
C’est de t’exercer, et de bien apprendre ce qu’il faut savoir pour te mêler des affaires de la république. Avec ce préservatif, tu pourras aller sans rien craindre.
Ver online : PLATÃO