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PRIMEIRO ALCIBÍADES

Platão (Alcibíades I:118b-119a) – há uma ciência da política?

sexta-feira 11 de fevereiro de 2022, por Cardoso de Castro

      

Robin

Socrate  : Oh! oh! Alcibiade, dans quelle situation te trouves-tu alors? une situation que j’hésite à désigner par son nom! Puisque nous sommes seuls, il me faut néanmoins le dire: tu cohabites, vois-tu, excellent jeune homme, avec une ignorance qui est la suprême ignorance, celle dont t’accuse notre entretien, et dont tu t’accuses toi-même! Voilà aussi pour quelle raison tu te rues, comme je le constate, vers la politique, avant de t’en être instruit! Or c’est une situation où tu n’es pas le seul à te trouver, mais aussi la plupart de ceux qui s’occupent des affaires de cet État-ci, [c] à l’exception d’un petit nombre et, probablement, de Périclès, ton tuteur!

Alcibiade: On dit, il est vrai, Socrate, que son talent n’est pas dû qu’à son génie personnel, mars qu’il a été en relations avec beaucoup de savantes gens: Pythoclidès, Anaxagore, et maintenant encore, à l’âge qu’il a, il fait, toujours avec la même intention, sa compagnie de Damon!

— Mais quoi? As-tu déjà vu quelqu’un, possédant un talent quelconque, qui fût impuissant à donner à un autre ce talent qu’il possède lui-même? Ainsi, celui qui t’a appris à lire et à écrire, il en avait lui-même le talent, et il te l’a donné à toi comme à quiconque d’autre, à sa guise: n’est-ce pas la vérité?

— Oui.

— [d] Et toi aussi, toi qui as été instruit par lui, tu seras à même d’en faire autant?

— Oui.

— Et c’est tout pareil pour le maître de cithare, pour le maître de gymnastique?

— Hé! absolument.

— C’est en effet, sans doute, une excellente preuve du savoir de ceux qui savent quoi que ce soit: la présence chez eux d’une aptitude à produire un autre homme qui ait aussi leur savoir.

— C’est aussi mon avis.

— Eh quoi? Es-tu à même de nommer quelqu’un à qui Périclès (et à ses fils   pour commencer) ait communiqué son propre talent?

— [e] Qu’est-ce que cela prouve, Socrate, si les deux fils de Périclès étaient des imbéciles?

— Mais y a-t-il réussi avec Clinias, ton propre frère?

— À quoi servirait-il maintenant de parler de Clinias? Un fou furieux!

— Eh bien! puisque Clinias est un fou furieux, que les deux fils de Périclès ont été des imbéciles, quel motif assignerons-nous finalement à son incurie à ton égard, étant donné l’état d’ignorance où tu es?

— Cela, je crois, c’est de ma faute, parce que je ne fais pas attention à ce qu’il me raconte!

— [119a] Allons! dans le reste des Athéniens ou bien des étrangers, nomme m’en un, esclave ou homme libre, qui ait dû à ses relations avec Périclès d’acquérir un plus grand savoir; de la même façon que je suis en état, moi, de nommer Pythodore, le fils d’Isolochos, qui doit à Zénon   ce résultat, et Callias, le fils de Calliadès, qui tous deux, moyennant cent mines versées à ce Zénon, ont acquis du talent et de l’illustration2!

— Non, par Zeus  ! je ne suis pas à même de t’en nommer.

Cousin

ALCIBIADE.

J’en ai bien peur.

SOCRATE.

O dieux ! en quel état déplorable es-tu, Alcibiade ! je n’ose le nommer. Cependant, puisque nous sommes seuls, il faut te le dire : mon cher Alcibiade, tu es dans la pire espèce [d]’ignorance, comme tes paroles le font voir, et comme tu le témoignes contre toi-même. Voilà pourquoi tu t’es jeté dans la politique avant de l’avoir apprise. Et tu n’es pas le seul qui soit dans cet état ; il t’est commun avec la plupart de ceux qui se mêlent des affaires [118c] de la république : je n’en excepte qu’un petit nombre, et, peut-être, le seul Périclès, ton tuteur.

ALCIBIADE.

Aussi dit-on, Socrate, qu’il n’est pas devenu si habile de lui-même : mais qu’il a eu commerce avec plusieurs habiles gens, comme Pythoclidès[430] et Anaxagore[431] ; et encore aujourd’hui, à l’âge où il est, il passe sa vie avec Damon[432], dans le dessein de s’instruire.

SOCRATE.

As-tu déjà vu quelqu’un qui sût une chose, et qui ne pût l’enseigner à un autre ? Ton maître à lire t’a enseigné ce qu’il savait, et il l’a enseigné à tous ceux qu’il a voulu ?

ALCIBIADE.

Oui.

[118d] SOCRATE.

Et toi, qui l’as appris de lui, tu pourrais l’enseigner à un autre ?

ALCIBIADE.

Oui.

SOCRATE.

Il en est de même du maître de musique et du maître d’exercices ?

ALCIBIADE.

Certainement.

SOCRATE.

Car c’est une belle marque qu’on sait bien une chose, quand on est en état de l’enseigner aux autres.

ALCIBIADE.

Il me le semble.

SOCRATE.

Mais peux-tu me nommer quelqu’un que Périclès ait rendu habile, à commencer par ses propres enfants?

[118e] ALCIBIADE.

Quoi ! et si Périclès n’a eu pour enfants que des imbéciles[433] ?

SOCRATE.

Et Clinias, ton frère ?

ALCIBIADE.

Mais tu me parles là d’un fou.

SOCRATE.

Si Clinias est fou, et que les enfants de Périclès soient des imbéciles, d’où vient que Périclès a négligé un aussi heureux naturel que le tien ?

ALCIBIADE.

C’est moi seul, je pense, qui en suis cause, en ne m’appliquant point du tout à ce qu’il me dit.

[119a] SOCRATE.

Mais, parmi tous les Athéniens, et parmi les étrangers, libres ou esclaves, peux-tu m’en nommer un seul que le commerce de Périclès ait rendu plus habile, comme je te nommerai un Pythodore, fils d’Isolochus, et un Callias, fils de Calliade, qui, pour cent mines, sont tous deux devenus très habiles dans l’école de Zenon[434] ?

ALCIBIADE.

Vraiment, je ne le saurais.