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Phénoménologie et sciences cognitives

Lanciani (PSC:13-20) – cognitivismo e epistemologia

2. L’épistémologie cognitiviste

sexta-feira 29 de outubro de 2021, por Cardoso de Castro

      

LANCIANI, Albino  . Phénoménologie et sciences cognitives. Beauvais: Association pour la promotion de la Phénoménologie, 2003, p. 13-20

      

Le problème de la connaissance a tracassé toute l’histoire de la pensée occidentale et tous les penseurs se sont interrogés sur le sens, les possibilités et les buts de la connaissance. Il est évident qu’en cela, depuis la naissance de la pensée scientifique moderne, la science représente un problème majeur pour toute théorie de la connaissance et, en un certain sens, la clé de voûte pour toute connaissance qui se veut apodictique et soutenable au-delà de tout doute. Il suffit, pour comprendre la complicatio des relations entre connaissance et [14] science, de penser entre autres au rapport entre le scepticisme huméen et le criticisme kantien où il est question, justement, des conditions de possibilité de la connaissance scientifique.

Sans vouloir rentrer dans la globalité de l’histoire de toute la philosophie occidentale, il faut bien reconnaître que la nouveauté introduite par le cognitivisme est une véritable nouveauté épistémologique : lorsque l’épistémologie traditionnelle s’installe en interrogeant la science quant à son sens, à sa valeur et à ses méthodes, le cognitivisme élimine la question du sens et de la valeur pour rester seulement au niveau de la méthode.

Nous y reviendrons aussi par la suite, mais on peut déjà remarquer que nous assistons ici à une sorte d’effet en retour d’une modification terminologique très instructive et qui nous donne un premier aperçu des boucles linguistiques dont nous serons témoins tout au long de cet essai : les dictionnaires rapportent en effet deux sens du mot épistémologie. Par exemple, le Petit Robert (éd. 2000) nous explique que le mot signifie :

1° Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée [...]

2° (de l’anglais epistemology) Théorie de la connaissance et de sa validité.

Pour le dire plus simplement, le cognitivisme ne veut pas répondre à des questions concernant le « quoi » (was) ou le « pourquoi » de la connaissance, son unique intérêt concerne le « comment ». Les termes de A. Kremer-Marietti sont donc tout à fait appropriés :

Quant à la philosophie cognitive, qui ne concerne donc pas le « quoi » de la connaissance, mais son « comment », les questions « Comment connaissons-nous ? », « Comment pensons-nous ? » visent autant le statut des données sensibles que celui des mots du langage ou des signes en général. Ces questions conviennent autant à la sensibilité qu’à l’intelligibilité et à l’activité [nous soulignons]. [1]

Remarquons que nous avons effectué un passage qui ne doit pas passer inaperçu : on dispose, dans le cadre actuel des sciences cognitives, aussi d’une philosophie cognitive qui s’annonce d’abord précisément comme une épistémologie, un peu partiale, mais quand même un épistémologie. En réalité, la stratégie cognitiviste est encore plus limitative car si on ne bute pas sur la dimension de l’épistémologie en tant que philosophie de la science cela signifie qu’on ne sort pas de la science elle-même. Autrement dit, pour l’exposer de la manière la plus claire, en demeurant au niveau du pragmatisme le plus sec que l’on peut concevoir, il est évident que la science emboîte toute possibilité d’une philosophie et que cette même philosophie ne pourra essayer de « penser » la [15] science qui l’englobe en dehors des mêmes catégories que la science lui fournit. Que cela soit déjà fort color  é par un renvoi quelque peu circulaire devrait commencer à apparaître clairement, mais nous reviendrons longuement sur la stratégie réductionniste massive qui s’annonce dès le début pour souligner le caractère tout au moins « bizarre » de cette philosophie. En poursuivant le côté positif et propositif de l’analyse des sciences cognitives, en essayant donc de rester les plus fidèles possibles aux énoncés qui les caractérisent, une toute autre lumière est jetée sur la thèse de F.J. Varela   selon lequel il faut toujours parler de STC, acronyme qui définit ce que jusqu’à maintenant nous avons appelé « sciences cognitives » plus précisément comme les Sciences et les Technologies de la Cognition   [2].

En effet, et c’est le premier résultat auquel nous arrivons, en choisissant une épistémologie pauvre, il semble nécessaire que la « consistance » possible de cette « philosophie » soit au moins partiellement déplacée sur le terrain de la pratique opératoire. Autrement dit, si le « comment » devient l’unique moment de la connaissance digne d’attention, il semble aller de soi qu’il n’y a que la réalisation concrète de ce « comment » qui puisse justifier les conquêtes théoriques de cette science. Il s’ensuit alors que le moment « technologique », où sont concrètement créés et mis en œuvre les outils expérimentaux, devient tout à fait déterminant. En plus, et cela est une thèse majeure du cognitivisme, il devient aussi clair que le rôle de la technologie vise, en quelque sorte, la fabrication d’objets qui sont la manifestation concrète de la compréhension qu’on peut, ou non, avoir d’un sujet d’étude déterminé : comprendre - dans la perspective cognitiviste - équivaut à reproduire, à répliquer.

L’apport de la logique mathématique

Le concept que nous venons d’introduire autour de la fondamentale équivalence entre compréhension et capacité de reproduire est un concept qui nous permet aussi d’introduire la seconde grande composante du cognitivisme : la logique mathématique. Disons déjà que l’apport de la logique sera tant constituant que constitué en relation à l’épistémologie cognitiviste dont nous avons esquissé les éléments fondamentaux. Autrement dit, et pour nous accorder de manière plus claire avec les prémisses pragmatiques du cognitivisme, il faut comprendre que la liaison avec la logique en définit un moment plus opératoire, moins concerné par les problèmes purement théoriques et plus rattaché aux opérations effectives que la logique mathématique nous rend possibles. Ce qui intéresse le plus la pratique cognitiviste est donc la logique considérée comme schéma d’inférences par lequel à partir d’une proposition vraie on en obtient un suite également vraie. En effet, cette attention à un emploi en quelque sorte opératoire de la logique fait son apparition à partir des cybernéticiens eux-mêmes et peut être éclaircie par une considération attentive des [16] référents logiques principaux dont ont fait usage tant les cybernéticiens les plus anciens que les cognitivistes actuels.

En ce sens, contrairement à une bonne partie des philosophes qui se sont intéressés à la logique du XXe siècle, et qui pour la plupart s’occupaient d’éclaircir le sens et l’explication des célèbres « théorèmes de limitation » [3], tels ceux d’incomplétude de Gödel ou le théorème de Tarski, les cybernéticiens et leur fils   cognitivistes ont plus à faire avec des problèmes plus typiquement calculatoires. S’il faut trouver des antécédents dans le sillon de la pensée logique mathématique qui ont eu le rôle d’orienter la pensée cognitiviste de notre époque, il s’agit bien davantage de A. Church et de A. Turing  . Ce sont ces logiciens qui ont ouvert la porte, d’une manière qu’il faut encore bien saisir, à une application plus concrète des stratégies logiques et mathématiques. Une application qui trouvera surtout ses résultats avec la naissance de l’informatique et qui a un rôle crucial pour la pensée d’abord cybernéticienne, mais aussi pour la pensée cognitiviste.

En un certain sens, le premier résultat qui s’occupe concrètement des procédés calculatoires en les soumettant à un intérêt qui les concerne proprement est, sans doute, la thèse de Church [4]. En considérant son importance capitale et pour y arriver analysons la situation rencontrée lorsqu’on essaye de comprendre ce qu’est une « procédure effective » pour la résolution d’un problème (ou d’une classe de problèmes) mathématique. Nous disposons intuitivement d’une « procédure effective » - d’un « algorithme » - pour résoudre un certain problème lorsque nous disposons d’un ensemble d’instructions telles que :

1° elles soient précisément déterminées de manière telle qu’aucun doute ne puisse surgir   pendant l’application de ce « paquet d’instructions ». En plus, un algorithme doit être « compréhensible » au sens où quiconque doit pouvoir l’appliquer sans se tromper une fois qu’il a connu les règles qui le composent.

2° Ces règles doivent être générales au sens où elles doivent rendre possible la résolution d’une classe de problèmes.

3° Lorsqu’on applique ces règles, il faut disposer de critères en vertu desquels l’on peut déterminer si on a atteint ou non la résolution du [17] problème. En plus - et cette question est très importante - cela doit advenir dans un nombre fini d’étapes.

Ce qui nous intéresse le plus ce sont les points 1 et 3. En vertu du point 1 nous pouvons saisir que l’algorithme est, par définition, rigoureusement déterministe et en même temps, rigoureusement mécanique. Dès l’antiquité la machine à calculer mécanique, l’engin purement mécanique hantait les rêves des mathématiciens et des logiciens et par la définition de l’algorithme elle se voit qualitativement identifiée au quiconque que nous avons employé comme sujet possible de l’application de l’algorithme. Le point 3 nous indique par contre l’un des problèmes majeurs de l’application concrète de la logique à l’informatique, le problème de l’arrêt car il se pourrait que certains algorithmes n’aboutissent pas à une résolution et donc réitéraient leurs opérations à l’infini [5]. Qu’un algorithme ouvre une procédure de calcul infini crée des problèmes énormes à la pratique informatique, mais pour le moment nous pouvons négliger cette question.

Ensuite, par une considération plus rigoureuse de la notion d’algorithme, on arrive à la démonstration stricte que les concepts de « calculabilité d’une fonction » [6], de « décidabilité pour un ensemble » [7], et de disponibilité d’un algorithme sont des concepts équivalents. Autrement dit, pour conduire à la rigueur le concept dont nous sommes partis de « procédure effective », il suffit de se référer à un des trois concepts précédents.

Le dernier concept qui nous sert pour présenter la thèse de Church est le concept de « fonction récursive ». Aidons-nous par des termes de J. Ladrière   : Une fonction récursive est une fonction dont les valeurs peuvent être calculées progressivement, à partir des valeurs déjà connues.

On définit une telle fonction au moyen d’un schéma, dit schéma de récursion et donnant :

1° la valeur de la fonction pour la valeur 0 de son argument.

2° La manière de calculer la valeur de la fonction pour la valeur (n + 1) de son argument quand on connaît déjà sa valeur pour la valeur n de son argument. [8]

[18] Des définitions précédentes   il s’ensuit que les fonctions récursives sont les fonctions dont la mécanisation est pratiquement inscrite dans la possibilité même d’une machine à calculer. Or, comme ce devrait être évident, toute fonction récursive est banalement calculable, mais que dire de l’affirmation inverse ? Autrement dit, est-ce que toute fonction calculable est récursive ? La thèse de Church affirme précisément cela: toute fonction calculable est récursive [9].

Ce qui nous intéresse en tout cela est le fait qui a été finalement jeté un pont entre les concepts de calculable et d’algorithme. Au fond cela nous exprime une identité entre calculable et récursif (algorithmique), par le biais de l’équivalence indiquée précédemment entre « calculabilité d’une fonction », « décidabilité pour un ensemble » et possibilité d’un algorithme. On peut déjà saisir que loin d’affaiblir la possibilité, à l’époque seulement théorique, de l’ordinateur comme machine apte à calculer des algorithmes, la thèse de Church affirme qu’en principe tout calcul « sensé » peut être épuisé par une machine. Or tout le problème est qu’il s’agit justement d’une thèse et aucunement d’un théorème, à savoir qu’il n’y a pas de démonstration de cette thèse. Mais bien plus : cette thèse est, à certains égards, strictement indémontrable. Pourquoi ?

La logique est très au clair par rapport à ce problème, mais il est important de considérer les éléments du pourquoi de la thèse, de la conjecture et non d’un théorème possible : il s’agit d’une conjecture parce que la coïncidence est affirmée entre deux concepts dont le premier - celui de fonction récursive - est établi d’un point de vue formel de manière rigoureuse tandis que le deuxième - le concept de fonction effectivement calculable - a une relation à l’intuition   et ne peut pas être précisé davantage. Autrement dit, cette relation à l’intuition ne peut pas être formalisée suivant les moyens dont dispose la logique mathématique.

Le point philosophiquement relevant est que l’intuitif - ou une « partie » de l’intuitif - a été restreint (ou étendu, cela dépend des points de vue) au calculable. Il s’agit d’une liaison créée entre deux milieux qui sont concrètement significatifs et, jusqu’ici, indépendants. En ce sens, avant de revenir à la conclusion du chapitre sur le sens philosophique de cette thèse, il nous faut quand même signaler qu’en cette superposition entre deux concepts indépendants - et reconnus absolument indépendants par la logique elle-même - se produit quelque chose d’essentiel pour l’épistémologie cognitiviste.

Poursuivons donc notre quête et reprenons le fil de notre argumentation. Une fois déplacée la logique sur le terrain de l’algorithmique, l’horizon qui intéresse est celui de la calculabilité et le problème connexe de l’arrêt d’une procédure de calcul. Cet horizon s’oppose tant au surgissement du problème [19] de la prolifération à l’infini qu’au problème plus prosaïque de la construction de procédures trop longues qui épuisent des grandes quantités d’énergie ou de ressources pour leur achèvement. Cette prémisse nous permet de récupérer le deuxième grand nom qui détermine la possibilité de l’emploi de la logique par les cybernéticiens et, après, par les cognitivistes : A.M. Turing [10]. Peut-être qu’en cette direction, à savoir pour ce qui concerne l’application de l’informatique pour la résolution de certains problèmes, l’événement aussi médiatiquement plus important a été le célèbre article de Turing qui a présenté bégaiement célèbre « jeu » qui porte, encore aujourd’hui, son nom [11]. Il faut que nous nous arrêtions un moment sur ce jeu, car il représente une véritable pierre de touche sur laquelle s’édifiera tout le passage qui, en quelque sorte, justifiera tant l’entreprise cybernéticienne que la compréhension cognitiviste : en fait c’est l’acceptation des prémisses épistémologiques qui conditionnent ce jeu où il y aura le passage d’une interprétation concernant les « raisons logiques » - typique de la logique mathématique - à ce que nous assimilons à un comportement intelligent. Et c’est ce passage qui après justifiera un passage ultérieur concernant, cette fois, l’absorption, via les applications de ce même jeu, le monde du biologique, jusqu’alors réfractaire à toute intégration mathématique ou strictement logique.

La question à laquelle s’attache Turing est la suivante : comment pourrions-nous déterminer si une machine - dans la transposition actuelle un engin électronique - a un comportement intelligent? La réponse de Turing, à l’apparence paradoxale, a une portée révolutionnaire : une machine aura un comportement intelligent lorsque son comportement ne sera pas objectivement distinguable d’un comportement sûrement intelligent.

Au fin de créer un milieu adapté, Turing invente son célèbre jeu dont il y a plusieurs variantes : il y deux chambres, dans une des deux il y a l’interrogateur, dans l’autre il y a les deux joueurs dont l’un est un ordinateur (on peut aussi changer les rôles entre hommes et ordinateurs). L’interrogateur pose des questions pour déterminer qui est l’homme et qui est l’ordinateur ; les autres, chacun à son tour, répondent. Il n’y a pas d’obligations fondamentales que les joueurs doivent respecter : ils doivent répondre, mais ils peuvent répondre soit vrai, soit faux. Après un certain nombre de questions on interrompt le jeu et l’interrogateur doit essayer de deviner qui est l’homme et qui est la machine :

[20] si les probabilités de choisir juste sont plus ou moins les mêmes que de se tromper, nous pouvons affirmer que l’ordinateur a bien « simulé » (il s’agit d’un terme qui se révélera dense d’implications) et il a donc montré un comportement intelligent.

Nous analyserons par la suite cette manière de réduire à un jeu le problème de l’intelligence ; pour le moment il nous suffit de mettre en évidence les éléments capitaux qui marquent l’irruption massive de la logique mathématique, surtout pour ce qui concerne les procédés calculatoires, à l’intérieur des sciences cognitives encore en formation :

1° Le problème de l’intelligence est réduit du niveau qualitatif au niveau quantitatif d’une évaluation parallèle en principe possible entre deux sujets supposés intelligents. Cela identifie l’élément capital puisque, au delà de toute spéculation ultérieure, il est évident que c’est l’égalité possible entre deux valeurs supposées existantes qui permet une mesure en quelque sorte comparative.

2° Il s’ensuit que le point fixe de l’égalité, établie comme possibilité de principe, détermine la possibilité d’une stratégie qui pourra, ou non, confirmer cette même égalité.

3° La démonstration d’un comportement intelligent passe, pour l’ordinateur, par le niveau essentiel de la simulation. L’ordinateur, pour être intelligent, doit simuler l’être humain, étant donné que ce dernier l’est sûrement. Il s’ensuit, par substitution, que pour être intelligents il faut simuler l’être intelligent. Donc si l’ordinateur (mais l’homme aussi) simule l’être intelligent, il est ipso facto intelligent.

Que ces raisonnement impliquent des circularités devrait être évident, mais il nous faut encore achever de faire le tour des éléments fondamentaux du cognitivisme. Il nous faut donc passer à la question de la biologie.


[1A. Kremer-Marietti, La philosophie cognitive, coll. Que sais-je ?, n° 2817 ; P.U.F. , Paris, 1994; p. 8.

[2F.J. Varela, Invitation aux sciences cognitives, coll. Points, Editions du Seuil, Paris, 1996.

[3La littérature concernant ces théorèmes est très vaste. Nous signalons, dans les études les plus significatives du point de vue philosophique, l’excellent livre de J. Ladrière, Les limitations internes des formalismes, Gauthier-Villars, Paris, 1956 ; dont une étude un peu attentive permettrait de rencontrer plusieurs éléments en quelque sorte originaires de l’insatisfaction dont nous ferons montre vis-à-vis de la logique employée par les cognitivistes.

[4La petite discussion qui va suivre ne prétend pas être exhaustive ni pour ce qui concerne la rigueur nécessaire en ces cas, ni pour ce qui concerne la totalité des implications que le débat qui va s’ouvrir a suscitées tout au long de la période en question. Notre but est donner au lecteur un compréhension tout au moins « intuitive » (bien que là peuvent se cacher la plupart des malentendus) et montrer comment les résultats logico-mathématiques que nous allons présenter facilitent la création d’un milieu où les préoccupations cognitivistes peuvent trouver leurs racines. Pour un éclaircissement beaucoup plus rigoureux, nous renvoyons, au texte cité à la note précédente.

[5En réalité, à l’époque actuelle, le problème présenté se couple avec le problème de l’économie de moyens : pour le dire de manière naïve, l’un des problèmes les plus graves de l’informatique est de rendre la plus courte possible l’attente de la résolution. En effet le mathématicien ou le logicien ont un concept de grandeur très différent de celui de l’informaticien.

[6Une fonction est dite calculable ou computable lorsque en considérant une n-ple d’arguments qui lui appartiennent, il est possible de trouver sa valeur en un nombre fini d’étapes.

[7Un ensemble M est décidable s’il est possible trouver un procédé qui permet de décider pour tout objet x si x appartient à M (x ∈ M) ou si x n’appartient pas à M (x ∉ M). Nous aurons l’occasion de revenir au problème de la décidabilité dont l’expression allemande est Entscheidungsproblem et qui est parfois exprimé en français comme problème de la résolubilité (par exemple dans le texte de J. Ladrière cité précédemment, § 38 et suivants).

[8J. Ladrière, Les limitations internes des formalismes, op. cit. ; § 54, p. 79. De ce qui précède devrait être claire l’importance de l’induction dans la définition de la fonction récursive. Cela, d’ailleurs, ouvrirait un champ de recherche très vaste qui sort de notre analyse.

[9Nous simplifions un peu ou mieux nous excédons quelque peu la recherche de A. Church. Cette thèse figure au début de son article An Unsolvable Problem of elementary Number Theory, in American Journal of Mathematics, vol. 58, 1936 ; pp. 345 - 363. Cet article est fondamental pour l’histoire de la logique car y apparaît le X-calculus déterminant pour la définition des fonctions computables.

[10Le nom de Turing est aussi connexe à la thèse de Church au sens où il en a énoncé une version équivalente plus branchée sur le concept de machine à calculer. Nous n’entendons pas analyser le passage entre la thèse de Church et la dite thèse de Turing car cela ne ferait que complexifier l’analyse sans rien ajouter à la problématique philosophique. Pour un éclaircissement dans cette direction nous renvoyons, entre autres, à H. Hermes, Enumerability, Decidability, Computability, Springer Verlag, Berlin - Heidelberg - New York, 1969.

[11Nous nous référons à deux articles de A.M. Turing: On computable Numbers, with an Application to the Enlscheidungsproblem, in Proceeding of London Mathematics Society, n. 42, London, 1942 et à Computing Machinery and Intelligence (originairement paru in Mind, n. 59, 1950), in Collected Works of A.M. Turing: Mechanical Intelligence, Nort Holland, Amsterdam, 1992; pp. 133 - 160.