Deux sortes de plaisirs. — Homélies sur le Cantique des cantiques
10 II y a pour la nature humaine deux sortes de plaisirs : l’un qui est senti dans l’âme par l’« apathie», l’autre dans le corps par la sensibilité; et si le libre arbitre choisit l’un des deux, celui-là dominera l’autre. Celui qui se tourne vers les sens et qui se laisse attirer par le plaisir, qui est de leur fait enraciné dans le corps, celui-là passera sa vie sans goûter la divine joie, parce que d’ordinaire le mieux est obscurci par le pire. Mais pour ceux dont le penchant est de désirer Dieu , le bien n’est pas voilé de ténèbres, et ils estiment devoir fuir tout ce qui ensorcelle les sens. Ainsi l’âme, jouissant de la seule contemplation de ce qui est, n’est éveillée à aucun plaisir sensible , mais laissant dormir toute activité corporelle, dans la pureté et la nudité de l’esprit , elle reçoit la manifestation de Dieu dans une divine vigile.