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Plotino: algumas citações notáveis de traduções francesas

quarta-feira 13 de outubro de 2021, por Cardoso de Castro

  

Chaque âme est et devient ce qu’elle contemple. (Ennéade IV 3, 8, 15)


On aura, dans ces moments [d’extase], une sorte de saisie et de conscience de soi, si l’on prend bien garde de ne pas trop s’écarter de soi-même sous prétexte de mieux se percevoir soi-même. (V 8, 11, 23)
La conscience paraît affaiblir les actes qu’elle accompagne ; tout seuls ces actes sont plus purs, ils ont plus d’intensité et de vie. Oui, dans l’état d’inconscience, les êtres parvenus à la sagesse ont une vie plus intense. Cette vie ne se diffuse pas jusqu’à la conscience, mais elle se rassemble en elle-même au même point. (I 4, 10, 28)
On peut trouver, même dans l’état de veille, des activités, des méditations, des actions très belles que la conscience n’accompagne pas au moment même où nous méditons ou agissons : ainsi celui qui lit n’a pas nécessairement conscience qu’il lit, surtout s’il lit avec attention ; celui qui fait un acte de courage n’a pas conscience qu’il agit courageusement au moment où il exécute son acte. (I 4, 10, 21)
Que l’on se souvienne de ces moments où, ici-bas, nous sommes en état de contemplation, dans une clarté totale : à ces moments-là, nous ne faisons aucun retour [35] sur nous-mêmes, à cause de notre activité intellectuelle : nous nous possédons seulement, et notre activité est toute tournée vers l’objet, nous devenons cet objet... nous ne sommes plus nous-mêmes qu’en puissance. (IV 4, 2, 3)
Plus elle se hâte vers le haut, plus elle oublie les choses d’ici-bas, à moins que toute sa vie sur terre soit telle qu’en s’en souvenant, elle n’ait à se souvenir que de choses excellentes. Car, ici-bas aussi, il est bon de se soustraire aux soucis des hommes. Par conséquent il est nécessaire aussi de se soustraire au souvenir de ces soucis. C’est pourquoi, en disant que « l’âme bonne est oublieuse » on aurait raison, en un certain sens. C’est que l’âme s’enfuit loin de la multiplicité des choses et qu’elle rassemble en une seule chose toute cette multiplicité : elle quitte l’indéterminé. Ainsi elle ne s’encombre pas de beaucoup de choses : mais elle est légère, elle n’est qu’elle-même. Ici-bas aussi, si elle veut être « là-bas », tout en restant encore « ici », elle abandonne toutes les autres choses. (IV 3,32, 13)
Il est donc nécessaire, pour que nous puissions percevoir ces grandes choses qui sont présentes dans l’âme, que nous tournions notre faculté de perception vers l’intérieur et que nous tournions dans cette direction notre attention. De même qu’un homme, dans l’attente d’une voix qu’il désire entendre, se détourne des autres sons et rend son oreille attentive au son qu’il préfère à tout autre, pour le saisir toutes les fois qu’il [33] lui parvient, de même, il nous faut ici abandonner tous les bruits sensibles, à moins de nécessité, et garder pure la puissance de perception de l’âme, afin qu’elle puisse entendre la voix d’en haut. (V 1, 12, 12)
Il semble bien qu’il y aura perception intérieure, que cette perception se réalisera, si l’acte de pensée est réfracté, si l’activité de l’Esprit est en quelque sorte renvoyée en sens inverse, en se réfléchissant sur le centre de l’âme, comme une image se reflète dans un miroir, lorsque sa surface polie et brillante est immobile. En ce dernier cas, si le miroir est là, l’image se produit ; mais s’il n’y a pas de miroir, ou s’il n’est pas en bon état, ce qui pourrait s’y refléter n’en existe pas moins réellement. Il en est de même pour l’âme : si ce miroir intérieur où apparaissent les reflets de notre raison et de l’Esprit n’est point agité, ces reflets y sont alors visibles ; nous les connaissons alors consciemment, en même temps que nous savons déjà qu’il s’agit d’actes de la raison et de l’Esprit. Mais si ce miroir intérieur est brisé parce que l’harmonie du corps est troublée, raison et Esprit continuent leur action sans s’y refléter. (I 4, 10, 6)
Il faut élever cette fine pointe de l’âme, selon laquelle nous sommes unité. Nous participons au Premier, duquel dérive pour toutes choses l’unification, selon l’unité et pour ainsi dire la fleur de notre essence, grâce à laquelle nous nous attachons principalement au Divin. Partout, en effet, ’c’est par le semblable qu’est appréhendé le semblable’, les principes les plus élevés d’unification des êtres par ce qu’il y a d’un dans l’âme. De toutes nos activités, c’est ici la plus haute : par elle nous devenons possédés de Dieu.
Il faut cesser de regarder ; il faut, fermant les yeux, échanger cette manière de voir pour une autre et réveiller cette faculté que tout le monde possède, mais dont peu font usage. (I 6, 8, 24)
Pour que l’activité d’en haut parvienne jusqu’à nous, il faut qu’elle parvienne jusqu’à notre centre : Quoi donc ? Ne sommes-nous donc pas aussi ce qui se trouve à un niveau supérieur à ce centre ? Si, mais il faut que nous en ayons conscience. Car nous n’avons pas toujours l’usage de ce que nous possédons. Mais si nous orientons le centre [31] de notre âme soit vers les choses d’en haut, soit vers les choses d’en bas, ce qui n’était encore que possibilité d’action ou aptitude devient activité réelle. (I 1, 11, 2)
Et s’il faut oser dire ce qui nous paraît juste contrairement à l’opinion des autres, il n’est pas vrai qu’aucune âme, pas même la nôtre, soit entièrement plongée dans le sensible, il y a en elle quelque chose qui reste toujours dans le monde spirituel. (IV 8, 8, 1)
Nos théories n’ont rien de nouveau et elles ne sont pas d’aujourd’hui. Elles ont été énoncées il y a longtemps, mais sans être développées, et nous ne sommes aujourd’hui que les exégètes de ces vieilles doctrines dont l’antiquité nous est témoignée par les écrits de Platon  . (Plotin   Ennéades, V, 1, 8, 10)
En quel sens être en acte se dit-il de l’intelligible ? Est-ce au sens où la statue, comme couple de forme et de mati  ère, est un être en acte ? Est-ce parce que chaque intelligible a reçu une forme ? - Non, c’est que chacun d’eux est une forme et qu’il est parfaitement ce qu’il est. L’intelligence ne passe pas de la puissance à l’acte, d’un état où elle est capable de penser à un état où elle pense effectivement (car il faudrait alors avant elle une autre intelligence qui ne fût pas passée de la puissance à l’acte) ; mais le tout de son être est en elle. L’être en puissance ne consent à passer à l’acte que par l’intervention d’un autre terme, nécessaire à la génération d’un être en acte ; mais l’être qui tire de lui-même et garde éternellement ses manières d’être, est un être en acte. Donc tous les êtres premiers sont des êtres en acte ; car ils possèdent d’eux-mêmes et toujours ce qu’ils doivent posséder. Il en est ainsi également de l’âme qui n’est pas dans la matière mais dans l’intelligible. Quant à l’autre âme, celle qui est dans la matière, comme l’âme végétative, elle est aussi en acte ; elle aussi, elle est ce qu’elle est, parce qu’elle est en acte. ENNÉADES - Bréhier  : II, 5 (25) - Que veut dire en puissance et en acte ?
Mais nous... Qui ? Nous ? Sommes-nous seulement l’homme qui demeure dans l’Esprit [1] ou celui qui s’est ajouté à lui et qui est né dans le temps ? Avant notre naissance, nous étions là-bas d’autres hommes... des âmes pures, nous étions Esprit... nous étions des parties du monde spirituel, des parties qui n’en étaient ni séparées ni retranchées. Maintenant encore, nous n’en sommes pas séparés. Seulement maintenant, à cet homme-là s’est ajouté un autre homme qui voulait être et qui nous a trouvés... il s’est joint à cet homme que nous étions alors... Nous sommes alors devenus les deux : nous ne sommes plus seulement celui que nous étions, et parfois, nous sommes seulement celui que nous nous sommes ajoutés, lorsque [30] l’homme spirituel cesse d’agir et cesse, en un certain sens, d’être présent. (VI 4, 14, 16)
Cela suffit-il et pouvons-nous maintenant nous arrêter ? Non, mon âme est encore grosse de pensées, elle l’est même plus que jamais. Peut-être même que maintenant il faut qu’elle enfante ! Car elle a bondi vers Lui et elle est plus que jamais remplie de douleurs. Pourtant il faut encore la charmer, si nous trouvons quelque incantation contre de telles douleurs. L’apaisement pourrait peut-être venir de la répétition même de nos discours : leur charme agit quand ils sont répétés. Quelle nouvelle incantation pourrions-nous trouver ? L’âme a parcouru toutes les vérités auxquelles nous participons, elle les fuit si l’on veut les exprimer et les concevoir. Car la pensée, si elle veut exprimer quelque chose, doit prendre une chose après l’autre : c’est là son « discours ». Mais quel discours est possible, lorsqu’il s’agit de ce qui est absolument simple ? (Ennéades V 3, 17, 15)
Mais il vaut mieux, pour bien saisir ce caractère de l’être qui pense, partir de l’âme et remonter. Supposons donc une double lumière, en bas l’âme, et dans une région plus pure, l’objet intelligible de l’âme. Supposons ensuite que la lumière qui voit est égale à celle qui est vue. Nous ne pouvons plus alors les séparer ni les distinguer, et nous affirmerons que les deux lumières n’en font qu’une. Il y a acte de pensée, parce qu’il y a deux lumières ; mais l’on ne voit qu’une lumière. - Ce qui est au-delà de l’être ne pense pas. Quel est l’être pensant de premier rang ? Quel est celui de second rang ? ENNÉADES: V, 6 [24]
Reviens en toi-même et regarde : si tu ne vois pas encore la beauté en toi, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle : il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie jusqu’à ce qu’il montre un beau visage dans la statue ; comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui est oblique, nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant, et ne cesse pas de sculpter ta propre statue jusqu’à ce que l’éclat divin de la vertu se manifeste... Es-tu devenu cela ? Est-ce que tu vois cela ? Est-ce que tu as avec toi-même un commerce pur, sans que rien d’autre soit mélangé intérieurement avec toi-même ?... Te vois-tu dans cet état ? Tu es alors devenu une vision ; aie confiance en toi ; même en restant ici, tu as monté ; et tu n’as plus besoin de guide ; fixe ton regard et vois. (Ennéade I 6, 9, 7)
Celui qui parvient à ne plus faire qu’un avec lui-même, sans plus se dédoubler, est en même temps « tout un » avec le Dieu qui est présent en lui dans le silence. Il est avec Dieu, autant qu’il le peut et le veut. Mais si, par un mouvement inverse, il revient au dédoublement, il est suffisamment purifié pour ne pas s’éloigner de Dieu, en sorte qu’il peut retrouver la présence divine, dès qu’il se retournera vers Dieu. Mais, dans son retour passager au dédoublement, il a gagné ceci : il a d’abord repris conscience de lui-même, tant qu’il est resté différent de Dieu. Mais, revenant vers l’intérieur, il a alors le tout : la conscience et l’unité avec Dieu ; abandonnant alors la conscience, par crainte d’être différent de Dieu, il est finalement « un » là-bas. (V 8, 11, 4)
D’où la dialectique tire-t-elle ses principes ? C’est l’intelligence qui donne des principes évidents, à condition que l’âme puisse les recevoir ; de là, la série de ses opérations ; elle compose, combine et divise, jusqu’à ce qu’elle arrive à l’intelligence complète. La dialectique, dit Platon, est le plus pur de l’intelligence et de la prudence. Étant la plus précieuse de nos facultés, elle se rapporte par conséquent à l’être et à la réalité la plus précieuse, à savoir la prudence à l’être, et l’intelligence à ce qui est au-delà de l’être. Quoi donc ! la philosophie n’est-elle pas précieuse entre tout ? Oui, mais la dialectique lui est identique, ou du moins en est la partie précieuse ; n’allons pas croire en effet qu’elle est un simple organe du philosophe, qu’elle soit simplement un ensemble de théorèmes et de règles ; elle porte sur des réalités, et sa matière, ce sont les êtres ; mais c’est qu’elle a une méthode pour aller jusqu’aux êtres, et elle possède, en même temps que les théorèmes, les réalités elles-mêmes. Elle ne connaît que par accident l’erreur et le sophisme ; quand un autre les commet, elle les discerne comme une chose qui lui est étrangère ; elle connaît l’erreur par la vérité qui est en elle, lorsqu’on lui présente une affirmation contraire à la règle du vrai. Elle ignore la théorie des propositions (qui sont à elle comme les lettres sont à un mot) ; mais connaissant la vérité, elle sait ce qu’on appelle une proposition et, d’une manière générale, elle connaît les opérations de l’âme ; la proposition affirmative et la négative ; la règle : Si on nie [le conséquent], on pose [le contraire de l’antécédent], et autres règles analogues ; elle sait si des termes sont différents ou identiques, mais elle a toute ces connaissances d’une manière aussi immédiate que la sensation perçoit les choses, et elle laisse à ceux qui ont le goût de cette étude le soin d’en parler avec minutie. (ENNÉADES: I, 3 [20] - De la dialectique 5)

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[1[Pierre Hadot] J’ai traduit habituellement le mot grec noûs par Esprit, et le mot grec noètos par spirituel. Les traducteurs français, et en premier lieu E. Bréhier, traduisent habituellement ces deux mots par Intelligence et intelligible. Je me suis résigné à employer les mots Esprit et spirituel (les traducteurs allemands emploient souvent Geist et geistig), afin d’exprimer du mieux possible le caractère mystique et intuitif de l’Intelligence plotinienne. Voir sur ce sujet, A.-J. Festugière, Personal Religion among the Greeks, Sather Lectures, 1952, Berkeley, 1954, p. 45.